Yvan Mordrelle : la créativité et la stratégie au service du design

Ghizlene Taleb, October 26, 20218 min
EmploiPromo 2005

« Il y a trois réactions possibles à tout design : oui, non, et WAHOU ! La troisième est celle que je vise. » – Milton Glaser

Bonjour Yvan. Comment se sont déroulées vos études à Saint-Stan’ ?

Bonjour, je suis Yvan Mordrelle et j’ai été interne à Saint-Stan’ de la Seconde à la terminale. J'ai passé mon bac S en 2005 avec option (lourde) arts plastiques. Je me suis engagé dans la filière scientifique pour ne pas me fermer de porte, ne sachant pas encore vers quel métier m’orienter même si j’étais passionné par le dessin, la création, le bricolage… L’option arts plastiques a facilité ma poursuite d’études dans le design.

Quelle école avez-vous intégrée ?

En 2005, j’ai réussi le concours de l'école de design Nantes Atlantique et me voilà parti pour des  études dans le domaine ! La première année était commune à tous les étudiants et visait à nous affûter (cours de dessin, d’expression par divers moyens…) ; seuls les meilleurs pouvaient accéder aux niveaux supérieurs. Après la première année, il fallait opérer un choix entre le design produit (objets) et celui d’interactivité (médias digitaux). C’est dans ce dernier que je me suis engagé alors qu’avant 2010, il y avait peu de débouchés.

Pendant mes quatre années de spécialisation, j’ai découvert le design d'applications avec l’aspect programmation, la communication visuelle, la maîtrise d’outils informatiques… La méthodologie me plaisait, car on avait l’impression de s’amuser en travaillant en mode projet sur des échéances plus ou moins longues.

Dès ma sortie de l’école, la sphère digitale a explosé et les offres d’emploi ne manquèrent pas. 

Vous avez donc été embauché rapidement ?

J’ai eu l’opportunité de réaliser mon stage de fin d'étude chez Capgemini, une entreprise mondiale de services informatiques. Un pôle d'expérimentation sur une nouvelle technologie venait d'être structuré afin d’offrir davantage de prestations de service liées au design web (UX, UI…) et j’en faisais partie. Suite à des résultats satisfaisants, j’ai été embauché par Capgemini.

Je suis fier d’être arrivé à la naissance de ces métiers dans l'informatique, façonnant, promouvant et apportant ma vision au sein de l’entreprise. 

En quoi consistait votre travail chez Capgemini ?

Les cinq premières années, j'étais spécialisé dans les nouvelles technologies et les études d'usage prospectif : Google Glass, tables tactiles, montres connectées, robotique… En fait, on avait des clients (la Banque populaire par exemple), qui souhaitaient utiliser ces nouvelles technologies et qu’on conseillait sur la pertinence des choix en fonction de leur métier, leur routine…

Ensuite, Capgemini s’est orientée vers la production de sites et de services, s’éloignant de l’innovation. Ça a été l’occasion de travailler sur des projets importants notamment avec le ministère de la Défense, la mairie de Paris, La poste, les banques françaises, la SNCF… qui cherchaient la performance en ligne et l'acceptation des utilisateurs envers leur site. J’apportais mes conseils sur ces projets prospectifs, tenant en compte de notre expertise et savoir-faire en design d'expérience utilisateur. 

Où travaillez-vous aujourd’hui ?

Chez moi. J'ai une envie insatiable d’apprendre et de faire par moi-même donc j'ai décidé l'été dernier de quitter Capgemini et de me lancer en freelance. J'avais envie de retrouver ce petit grain de folie des projets innovants et créatifs, qui sortent de l'ordinaire. Je souhaitais aussi collaborer majoritairement avec des petites entreprises et me rapprocher de l’utilisateur final.  

Comment avez-vous vécu la transition du salariat vers l’indépendance ?

Non sans peur. J'ai trente-six ans, deux enfants, une maison à payer, donc c'est vrai que le confort du salariat est rassurant. 

J'ai eu la chance d'être bien accompagné et je me suis lancé en me disant que si je ne le faisais pas maintenant, j’allais le regretter. 

Comment gérez-vous votre activité de designer en freelance ?

Les démarches de création d'entreprise ont été plutôt simples. 

Concernant la prospection de clients, je me suis inscrit sur Malt, une plateforme qui met en lien des freelances avec des entreprises ayant des besoins. Pour le moment, je ne fais pas de démarchage mais je m’engage dans des projets qui me plaisent et m'intéressent. 

Depuis cet été, j'ai travaillé sur des logos, du packaging, de l'identité d'entreprise et du conseil en design.

À côté de cela, je gère ma seconde entreprise, Sparrow, depuis maintenant six ans : je propose des objets travaillés en bois. 

Qu'est-ce qu’être un bon designer pour vous ?

La qualité indispensable d'un designer est l'empathie, la compréhension. En fait, il ne s'agit pas de créer parce que ça nous plaît, mais parce que ça répond à la demande du client. Il faut aussi savoir faire preuve d’autocritique, de prise de recul et de remise en question en modifiant ses plans.

Quand vous entamez une création, vous fixez-vous des objectifs ?

C'est indispensable parce que la création est sans limite ; on pourrait y passer des années. Un designer ne sera jamais totalement satisfait de ce qu'il livre tant qu’il aura encore des idées qui fusent et des possibilités d'amélioration. 

C'est un challenge aussi que d'essayer de trouver la balance entre le temps, le budget et la création. Avec l'expérience, on commence à savoir combien chiffrer une demande selon le besoin et le temps investi.

Où puisez-vous votre inspiration ?

C'est assez abstrait, parce que je suis toujours en train de fouiner, de lire, d’observer... et je pense que ça se fait tout seul. 

Cependant, le travail des autres est un moteur qui repousse mes limites et me donne de nouvelles idées. Et puis, c'est en faisant qu'on trouve d'autres idées aussi. 

Quel est votre point de vue sur l’avenir du design ?

L'avenir du design ? L'avenir, c'est le design !

Pour la plupart des gens, le design, c’est l’art alors qu’en anglais ça veut dire fabriquer. Un designer n’est pas là juste pour faire du beau, mais pour réfléchir et répondre à un besoin.

Pour moi, on aura toujours besoin de design et de personnes orientant des produits et services, au mieux, vers leurs utilisateurs. 

Que conseillerez-vous aux personnes souhaitant réaliser des études de design ?

Il faut privilégier une formation générale dans les métiers de la création puis se spécialiser progressivement. La filière regroupe un tas de métiers et de nombreux autres vont voir le jour dans les années à venir.

Le design est un métier à part entière. Il faut se renseigner, assister aux portes ouvertes, réaliser des journées d'immersion et il n'y aura pas de meilleure façon pour s’en assurer !

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