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Travailler dans le cinéma, c’est possible ! Avis d'Adrien Guillon Verne
Les débouchés dans le domaine de la production audiovisuelle et du cinéma sont nombreux et font rêver de nombreux étudiants. Cependant, peu d'entre eux osent sauter le pas et se consacrer à ces métiers de passion.
Bonjour Adrien, quelles études as-tu suivies à Saint-Stan et quel est ton meilleur souvenir ?
Je suis rentré à Saint-Stan en 1998 en 6ème et j’ai quitté l’établissement après ma seconde. J’ai quelques très bons souvenirs. Ma dernière année par exemple était assez incroyable car nous sommes partis avec ma classe cinq semaines en échange à Jacksonville en Floride. Et se retrouver en immersion totale avec ses potes sur des campus américains, ça donne lieu à beaucoup de situations assez mémorables… Évidemment ça nous a tous beaucoup rapprochés, entre nous, mais aussi avec certains professeurs. On a bien rigolé.
Mais mes meilleurs souvenirs, ce sont les compétitions de handball. On avait une vraie équipe de copains, dont j’avais la chance d’être capitaine. Nous étions entraînés par Jean-Bernard Le Louarn, qu’on a passé sous la douche tout habillé après le titre de champion régional. L’année d’après on a participé aux championnats de France UGSEL, sans grand succès malheureusement mais on a remporté la coupe de Nantes dans la foulée lors d’un match totalement dingue avec notre gardien qui fait un match incroyable ce jour-là. On a gagné la finale dans les dernières secondes…Ça c’est un super souvenir. Vraiment.
Quel lien entretiens-tu avec l’établissement ?
J’ai toujours un sentiment d’appartenance et je suis assez curieux de voir ce que devient l’établissement.
Saint-Stan est toujours présent dans mon quotidien puisque mon groupe d’amis est quasi le même que celui que je me suis fait au collège et lycée. Quatre de mes témoins de mariage : Benoît Monty, Antoine Laurore, Thibaut Armand et Jérôme Goldie sont passés par Saint Stan tout comme la marraine de mon fils : Laurène Combelles et il y en a beaucoup d’autres... On se voit toujours beaucoup et donc nos souvenirs du collège et lycée ressortent régulièrement dans nos discussions.
Un membre de ta famille, célèbre, est passé par Saint-Stan, tu le savais ?
Oui, bien sûr, il s’agit de Jules Verne, je l’ai appris lors de mon rendez-vous d’entrée en 6ème. C’est Mr Pervanche à l’époque qui dirigeait l’établissement qui me l’a raconté.
Quelle orientation as-tu suivi pour tes études supérieures ?
J’ai fait un BTS Assurance à l’IMS à Nantes. Après l’obtention de mon diplôme j’ai passé les concours d’écoles de commerce et j’ai intégré la Skema Business School en programme grande école où j’ai terminé mes études par un Master II en Marketing International & Business Development.
Pourquoi ce choix ?
À l’époque, j’avais déjà envie de travailler dans l’industrie du cinéma mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je n’avais aucun contact, aucune entrée. Après une année totalement manquée à la fac de droit de Nantes, j’ai regardé par quel chemin je pouvais m’en approcher. L’assurance me semblait donc être une passerelle intéressante car je pouvais me spécialiser dans l’assurance de tournages et donc commencer à avoir accès aux producteurs, aux plateaux de cinéma etc. Ce que j’ai partiellement réussi pendant le BTS car j’ai pu faire deux stages dans une société spécialisée dans l’assurance de spectacles, pas du cinéma donc mais ça commençait à y ressembler : assurance météo, imprévus, artistes étrangers malades à rapatrier etc.
La suite s’est faite naturellement, j’ai passé les concours d’écoles de commerce et j’ai été admis à la Skema ce qui m’a permis d’avoir de nouveaux stages à effectuer et de continuer à me rapprocher du but.
Quels stages as-tu effectués ?
Arrivé à la Skema, je devais impérativement faire un stage à l’étranger en première année. Difficile de trouver dans le cinéma sans expérience mais à l’étranger c’était mission impossible. J’ai cependant eu beaucoup de chance car j’ai réalisé un super stage pour une marque de vêtements à New York et donc à défaut d’être sur des plateaux j’ai profité de la ville où j’ai pu rencontrer des photographes, des acteurs en devenir, des musiciens, tout en perfectionnant mon anglais et puis j’ai rencontré les organisateurs d’un festival de films français en Virginie à Richmond. Ils m’ont pris en stage chez eux l’année d’après, je suis donc retourné aux Etats-Unis après un rapide retour en France pour terminer ma seconde année d’école.
Le Festival du Film Français de Richmond m’a donné accès à des réalisateurs et acteurs français en plus d’une expérience solide en événementiel. A la fin du festival j’ai pu enchainer avec un nouveau stage grâce à Mathieu Simonet et Julie Voisin des acteurs/réalisateurs que j’avais rencontrés lors du festival et qui m’ont donné ma chance pour les accompagner sur leur moyen-métrage en tant que stagiaire à la mise en scène. L’avantage de ce rôle c’est que je devais aider tout le monde pendant le tournage et donc ça m’a permis d'appréhender un plateau de cinéma, de commencer à comprendre qui faisait quoi et comment tout ça fonctionnait.
Ton insertion professionnelle après l’école de commerce :
Pour valider mon diplôme d’école de commerce je devais effectuer un stage de fin d’études, j’ai donc commencé à faire le tour des boîtes de production et de distribution de Paris, pour être franc j’ai eu peu de réponses mais un contact a réussi à transmettre mon CV aux Productions Du Trésor (devenu depuis Trésor Films), la société d’Alain Attal qui venait de produire “Polisse” de Maïwenn. Ils cherchaient un stagiaire pour le service juridique et financier, j’ai passé l’entretien et j’ai eu le stage. A la fin du stage je leur ai demandé de rester et ils m’ont fait une proposition d’embauche. J’ai d’abord été pris comme assistant de production puis j’ai commencé à travailler de plus en plus avec le service marketing. Sortant d’une spécialisation en marketing justement, j’étais plus à l’aise dans ce département et donc plus efficace. Le directeur marketing a fini par rejoindre une autre société et on m’a proposé le poste que j’ai accepté avec joie.
En quoi consiste ce métier ?
Mon métier englobe trois parties :
La gestion de la promotion des films : elle s’anticipe dès la lecture du scénario, puis au moment du tournage et bien sûr au moment de la sortie en salles. C’est pourquoi je suis très présent sur les plateaux pour superviser le photographe de plateau afin d’avoir un matériel de qualité pour la fabrication de l’affiche et des photos de presse, le réalisateur du making of pour avoir des images d’illustration de qualité sur les plateaux télés au moment de la promotion, de la relation avec les acteurs afin de préparer une relation de confiance au moment de la sortie du film et aussi de l’accompagnement des journalistes ou des partenaires lorsqu’ils viennent nous rendre visite.
Ensuite, je participe à l’élaboration de la stratégie marketing avec le distributeur du film : date de sortie, choix des festivals, positionnement du film etc. Je suis et je participe à la conception du matériel marketing : en print, en contenu vidéo pour la télé ou le digital (affiches, bandes annonces, promo-reel, pre-roll etc) que ça soit pour le grand public ou le B to B. Je veille également au respect des délais de fabrication et vérifie les obligations légales du matériel avec le service juridique.
La coordination et l'organisation de la sortie des films au niveau national et international : je gère la relation avec les acteurs et réalisateurs afin de préparer au mieux l'organisation des tournées province et des festivals à l’étranger avec le distributeur France et international. Enfin, je suis les ventes lors des marchés internationaux (Cannes, Berlin, AFM etc).
La supervision de la sortie vidéo : même si aujourd’hui les dvd et blu-ray ne se vendent quasiment plus, il faut néanmoins assurer une sortie physique du film et pareil que pour une sortie salle, on organise de la promo, de la presse, on a du matériel marketing à fabriquer etc. De plus, on fait parfois quelques opérations de communication pour la sortie VOD.
Quelles sont les compétences et qualités nécessaires ?
Un grand sens du contact, de la rigueur, de la réactivité, de l’autonomie, de la patience, de l’adaptation et de la résistance au stress. Il faut être très connecté avec son environnement, être curieux de ce que font les autres en terme de production de contenu et donc du marché du film bien sûr mais aussi de comprendre les sorties des concurrents, pourquoi certains films ont marché et d’autres non, l’efficacité des campagnes marketing, percevoir les changements et les habitudes des spectateurs etc.
Quelle réalisation t’a le plus marqué ?
Chaque film est un prototype. Chaque réalisateur, chaque film est différent et donc c’est enrichissant à chaque fois. Mais récemment, j’ai été assez marqué par le tournage du film “Le Chant du Loup” d’Antonin Baudry. On est allé filmer des hélicos, des sous-marins et des frégates de la Marine Nationale à Toulon et à Brest. Il y avait déjà un côté grand spectacle au moment du tournage et ça se ressent très bien à l’image.
Le “Grand Bain” de Gilles Lellouche était assez marquant aussi car il y a eu une super exposition au festival de Cannes puis un succès très important en salles derrière.
Enfin, les films réalisés par Guillaume Canet sont toujours des aventures assez uniques. Il a une énergie dingue pour emmener les équipes avec lui et c’est un super directeur d’acteurs. Actuellement nous sommes en tournage de son prochain film : Astérix & Obélix L’Empire du Milieu, le plus gros film de la production. C’est hors-norme. Le casting, les décors, les costumes, tout est impressionnant. On a tourné des scènes de batailles épiques en Auvergne et construit des palais sublimes en studio de la banlieue parisienne. Le tournage se déplacera également au Maroc.
Difficile donc comme question, chaque film est une expérience unique car du scénario à la sortie du film, il y a beaucoup d’énergie dépensée par toute les équipes et donc de l’affect.
Filmographie de Trésor Films et Trésor Cinéma
Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?
Oui, on s’est lancé récemment dans la distribution avec le film “Les Traducteurs” de Régis Roinsard. Film que nous avons produit avec Trésor Films et distribué via notre société Trésor Cinéma, l’expérience était très enrichissante et ça m’a permis de mieux comprendre les négociations budgétaires avec les agences d’achat d’espaces ou de créa ainsi que le métier de distributeur dans son ensemble.
Nous travaillons actuellement à la sortie sur Netflix du film “Comment je suis devenu Super-Héros”, c’est notre première collaboration avec une plateforme et ça se passe extrêmement bien.
Enfin, j’ai lancé ma propre structure de production fin 2019 : Les Films du Hardi. Avec mes deux associés, nous avons achevé un premier court métrage en août 2020 : “BONS AMIS” réalisé par Martin Soudan. Le film connaît un beau parcours en festivals et est actuellement disponible sur OCS. Nous sommes en ce moment en financement d’un autre court-métrage et nous avons en développement d’autres courts, un documentaire et un long-métrage.
J’ai donc une double casquette, je jongle entre mes différentes activités.
Le mot de la fin :
Pour les élèves qui souhaiteraient travailler dans le cinéma, j’aimerais leur dire qu’il y a de la place. On crée beaucoup de contenu en France, que ce soit pour le cinéma, la télé, le web ou les plateformes. Que ce n’est pas réservé qu’aux parisiens, que les rencontres se déclenchent et que donc on a pas forcément besoin d’avoir quelqu’un de l’industrie dans son entourage pour y arriver.
Par contre, il faut impérativement essayer d’avoir une ligne directrice sur les expériences et bien sûr avoir un plan B.
Évidemment si certains veulent me contacter, je répondrais à leurs questions avec plaisir.
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