Envie de nous rejoindre ? 👉 Cliquez ici
Portrait d'Eric Desbruères, président de l'Amicale (Partie 2/2)
Le président actuel de l’amicale Saint-Stanislas, Eric Desbruères vous livre son portrait. Enseignant, directeur adjoint et aujourd’hui chef d'établissement, il aime s’engager pour des causes altruistes.
Parce qu’il est difficile de décrire, en quelques mots, toute une vie, une sélection de mots-clés se montrera, peut-être, plus exhaustive.
Modernité :
Dans le fonctionnement de l’amicale, une question nous guide constamment : que sera demain ?
On a réfléchi très tôt (dès 2000) à l’usage de l'informatique, à l’autre manière de faire vivre les réseaux d’anciens élèves… On a essayé d'élaborer une ligne de conduite que chaque président a poursuivi, avec cette sensation un peu curieuse pour moi d'être, peut-être, le président qui va clôturer cette démarche et laisser l'héritage à une autre génération pour faire autre chose.
Alors, pourvu que les décisions prises aient été les bonnes… mais je suis plutôt confiant.
Intermédiaire :
Dans tous les cas, je me vois comme maillon d'une chaîne que ce soit ma posture de chef d'établissement ou la présidence de l'amicale. On n’est pas propriétaire de la mission que l’on porte, la reçoit. On impulse quelque chose qui est forcément liée à notre manière de voir les choses et c’est ça la richesse.
Exigence :
C'est un mot fort, relié au catholicisme mais aussi à l'éducation.
Un mot très à la mode. Autour de lui aujourd'hui, il y a le discours ambiant de la décadence, du manque d’éducation, des jeunes qui ne savent plus écrire… Je pense que le contexte d'anxiété de notre époque, lié à beaucoup d'incertitudes économique, sociale, sanitaire, environnementale… fait que la peur du lendemain devient un sentiment omniprésent.
Mais la peur immédiate n’engendre qu’une exigence restreinte, sécuritaire, qui rassure sur le moment mais ne garantit ni ne permet de construire l’avenir.
Et c'est là que ça me semble important de rappeler le coté noble de l’exigence : elle permet, bien plus tard, de récolter des fruits.
L’exigence va avec l'accompagnement : « je vous accompagnerai si vous voulez, mais je vous préviens, j’exigerai aussi le résultat » C'est cette notion d'exigence positive noble qui me tient à cœur.
Aujourd'hui ce mot me parait très galvaudé et j'essaye beaucoup de le réhabiliter, en son sens noble. Ce n’est pas conduire aux sacrifices exigés, c'est faire élever quelqu'un, en étant honnête et en sachant dire, parfois « là ce n'est pas possible ».
Tolérance :
Grand mot, la tolérance. Qu'est-ce que tolérer ? Tout laisser faire ou accepter au regard de ce que la norme de bienséance et de fonctionnement exige ?
C'est un vaste débat, surtout chez les jeunes. C'est accepter que l'autre soit différent et pour moi, ça coule de source. Tous les débats sociétaux autour de la différence homme/femme, de l'orientation sexuelle, des libertés individuelles… existent parce qu’il y a un malaise sociétal, un manque de repères et de valeurs fondamentales, alors tout devient polémique. C’est le débat autour de ces questions qui est nouveau, pas les questions elles-mêmes.
Les sujets abordés sont intéressants, importants, chacun est libre du qualificatif qu’il préfère, mais le débat est un faux-débat. Chacun vit sa vie comme il le veut et comme il l'entend, du moment qu'il s'inscrit, avec sa différence, dans le registre de l'intérêt commun qui n’est pas la somme des intérêts particuliers, tout peut cohabiter. Oui, les inégalités existent. Oui, la discrimination existe, mais elle n'est pas institutionnalisée, et surtout au point qu'on veut nous faire croire dans les courants du politiquement correct et de la bien-pensance.
La tolérance est innée chez les jeunes ! Même si le vécu, le tempérament peuvent impacter cette réalité. Je le constate en étant auprès des jeunes depuis vingt-trois ans. Certes elle n’est pas spontanée et parfois exprimée seulement après d’autres formes de communication surtout à l’adolescence, mais elle est là ! Et c'est là que je pense jouer mon rôle comme il faudrait que la société joue le sien, en veillant au(x) dérapage(s). Il faut cesser de penser que dans la société tout n'est que dérapage et que la tolérance serait aujourd'hui une exception.
Écriture :
Tout petit, j’ai été influencé par mes grand-mères et ma mère, pour ce qui est du goût de l’écriture et de la lecture. La langue française est une passion.
Quand j'étais ado, au collège, j'étais très réservé et c'était un moyen d'évasion.
Je suis d'ailleurs plus familier avec l’écrit qu’avec l’oral : j'ai plus tendance à écrire des courriers pour expliquer des choses qu' à prendre mon téléphone.
Après, l'écrit rejoint l'histoire, rejoint l'envie de communiquer, de témoigner. Le plaisir d'écrire parfois des petits textes sur des petites chroniques historiques...
Le premier déclic a été en 2000 lorsque l'école primaire du Martray allait être fermée.
Le curé de la paroisse, que je connaissais, me demande de rédiger un article au bulletin paroissial. Je commence alors à recueillir les informations puis à écrire, sans plan préconçu. Un fascicule d'une centaine de pages, retraçant, autant que possible, l'histoire de l'école. En sera l’aboutissement. Une fête paroissiale clôturera ce travail et permettra à tous ceux qui auront connu cette école de se retrouver (notamment pour le déjeuner de clôture qui, après la messe à Saint-Similien, se déroulera dans les locaux de Saint-Stanislas ! Généreusement mis à disposition par le Chef d’établissement de l’époque)
C’est là qu’a démarré toute une chaîne de rencontres. Nous en reparlerons plus loin.
L'écriture, c’est important jusque dans les petits actes quotidiens ! Souhaiter les vœux, envoyer un mot de ses vacances d’été… A l’heure des emails et du (très mauvais) parlé/écrit et de la fausse communication des réseaux sociaux, ancrer des relations par le mode épistolaire est plus que jamais une nécessité.
Objectivité :
C’est un terme auquel je tiens beaucoup, qui est fondamental.
Le fascicule sur l’école du Martray aurait pu être un réquisitoire pour défendre l’école.
Il y avait un côté affectif dans ma démarche (paroisse de mon enfance) mais j’étais conscient qu’il fallait être objectif et ne pas laisser mes sentiments affecter la rédaction.
J’ai souhaité donc être éclairé par l’Institution à l’origine de la décision de fermeture de cette école et je mes suis mis en relation avec Maurice GAUTIER, Directeur diocésain adjoint de l’Enseignement Catholique alors et aussi ancien de Saint-Stan. Il me reçoit, je lui présente mes questions et il me répond de façon très objective : les enjeux immobiliers, les finances, le recrutement, le redéploiement… Pendant une demi-heure, il m'a parlé prospective et stratégie de l'Enseignement Catholique. Un moment déterminant pour la suite, tant personnelle que professionnelle.
Mémoire :
Maurice GAUTIER aimait beaucoup écrire aussi et, intéressé par ma démarche, il me présente son projet de collecte de mémoire historique. En fait, à cette époque-là, dans l'Enseignement catholique, vous aviez une génération de religieuses, prêtres, sœurs et frères, qui avançait en âge et qui avait relevé l'Enseignement catholique dans l'après-guerre. Tout était dans leur tête parce que le quotidien n'a été que combat. Avec leur disparition, s’effaçait tout un pan de l’Histoire de notre institution à l’image de ce proverbe africain : “un homme qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle”.
Maurice souhaitait collecter leurs mémoires, il y avait d'urgence. C’est ainsi qu’on nous nous sommes lancés à la collecte de questionnaires, premier travail pendant 2 ans. Ensuite, nous n’avons pas souhaité seulement archiver. Tant qu'on avait encore les moyens de comprendre, d'échanger, on a poursuivi notre démarche. Et là, s’est mis en place un petit groupe de travail, avec le soutien du Directeur diocésain d’alors. En 2007, l’ouvrage a été publié. C’était un travail titanesque qui se voulait très humain où on a surtout donné la place aux témoignages. Notre souhait, notre grand rêve, c'est qu'un jour on écrive l'acte 2 et j’'aimerais un jour pouvoir refonder un groupe. L'écrit reste et se transmet.