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Paul Servillat, le droit chez les géants Français de l'agroalimentaire

Ghizlene Taleb, October 9, 20216 min
EmploiPromo 2006

« LES CONSOMMATEURS ONT SOIF DE CHANGEMENT. ILS COMPTENT SUR DE GRANDES ENTREPRISES COMME DANONE POUR METTRE LEUR PUISSANCE AU SERVICE DE LA CRÉATION D’UN MONDE MEILLEUR » Emmanuel Faber, Ex-Président-Directeur Général de Danone.

Monsieur Servillat, quel a été votre parcours scolaire ?

J’ai fait mon collège-lycée à Saint-Stanislas et j'ai eu mon bac en 2006. Ensuite, j'ai fait des études de droit à l’université de Nantes, en cursus bilingue.

Pendant les trois ans de licence, en plus des cours classiques, j’ai suivi des cours de droit anglais. Je voulais partir en quatrième année ; j’ai postulé pour réaliser un double diplôme à Cardiff en droit européen ( maintenant ça fait un peu rigoler d'avoir un diplôme de droit européen dans un pays qui n'est plus dans l'Union européenne).

Puis, j’ai embranché sur un Master 2 en droit des affaires à Nantes. C’était un M2 “droit des activités économiques” avec une option agroalimentaire, assez rare et intéressante en termes de professionnalisation. 

Que retenez-vous de vos années à Saint-Stan' ?

J’ai suivi toute ma scolarité à partir du collège dans l’établissement, c'est une période marquante dans une vie. Je retiens surtout de nombreuses amitiés et rencontres, que j'ai encore conservées. J’ai gardé beaucoup de souvenirs, surtout de mon année de Seconde puisque j’ai eu la chance d’être sélectionné dans la classe Jacksonville : on partait pendant 6 semaines dans une famille d'accueil et après on accueillait les correspondants. C’était une année riche en expériences !

Parlez-nous de votre expérience à Cardiff :

C'était la première fois que je quittais le nid, ayant fait toutes mes études précédentes à Nantes. Et c'était génial. Je m’étais constitué un petit groupe avec de nombreux étudiants, pas seulement européens, il y avait des indiens, des Pakistanais, des Chinois... avec qui j'ai gardé contact par la suite.

J’ai aussi découvert un mode de fonctionnement universitaire complètement différent. En France, le modèle reste relativement scolaire : vous allez en cours, vous allez en TD, vous prenez vos notes, vous faites le travail demandé… C'est un peu les mêmes devoirs que ce qu'on peut avoir au lycée. 

Quand j'arrive à Cardiff, le monde est totalement différent. Vous avez 8h de cours par semaine et c'est à vous de les préparer en lisant, en passant du temps à la bibliothèque… pour tout mettre en commun et brasser pendant les quelques heures de cours. On est sur une démarche autonomisante qui nous apprend à travailler en indépendance. 

Je recommanderais à tout le monde de partir une année comme ça et si possible dans le cadre d'une formation valorisante. C'est important de s'expatrier, de sortir de son milieu, de voir autre chose. C’est vraiment enrichissant. 

Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans l'agroalimentaire ? 

Ce choix est venu dans la lignée de mon M2. Il y avait relativement peu de formations proposant cette option (qui est une niche). En effectuant mon stage chez les fromageries Bel, je me suis intéressé à l’agroalimentaire et j’ai su que c'était un domaine qui me plaisait et où je souhaiterai travailler. 

Qu'avez-vous découvert durant votre stage chez Bel Fromageries ?

Pendant mon M2, j'ai fait un stage aux fromageries Bel pendant lequel je me suis intéressé à la réglementation des produits : valider les questions de droit de la consommation, les relations avec les consommateurs… Par ailleurs, j'ai traité les questions de validation des produits, des recettes, des étiquettes et tout ce qui a trait à la libre circulation des marchandises : comment est-ce qu'on peut envoyer des produits d'un pays à un autre de l'Union européenne sans forcément modifier la recette, le packaging ?

Quid de votre poursuite d'études ?

Suite au stage, j'ai eu l'opportunité de faire un master spécialisé en management à l'ESSEC, école de commerce à Cergy, assez réputée. 

Là, je suis sorti du droit pendant un an et j'ai fait du marketing, de la stratégie, du commercial, de la finance… ce qui m'a permis de mieux me préparer et de mieux connaître le monde de l'entreprise. 

En fait, les études de droit sont très théoriques. Quand on sort d’un M2, on n’a pas fait beaucoup de stages et il peut être compliqué d’intégrer le monde de l'entreprise, notamment lorsque les concurrents sont des diplômés d'école de commerce, de Science Po....ma formation à l’ESSEC m’a bien aidé et c’est ainsi que j'ai intégré Danone, après mon stage de fin d’études.

Comment avez-vous été recruté par Danone ?

J’ai intégré l’entreprise grâce à mon stage de fin d’études lorsque j’étais à l’ESSEC. J’avais passé un entretien avec le manager et un autre avec la directrice des ressources humaines. Mon stage était validé et j’avais réussi à faire mes preuves donc on m'a proposé un premier CDD, puis un second et enfin un CDI. Et là, ça va faire 10 ans que je travaille chez Danone. 

En quoi consiste votre travail chez Danone ?

J'ai toujours travaillé, au sein de Danone, sur les marques d'eau : Evian, Volvic, Badoit, Salvetat.

Au début, je me focalisais sur l’activité d'export car ce sont des marques qu'on exporte dans des pays très lointains, sur des marchés très différents. Là-bas, le produit est plus premium et va plutôt être commercialisé sur des canaux plus haut de gamme, comme les hôtels ou les restaurants gastronomiques.

J'ai donc commencé sur ce portefeuille là en gérant les relations avec des distributeurs importants nos produits dans ces pays. Ensuite, je me suis occupé de l’accompagnement juridique des opérations : la fabrication de produits, tout ce qui tourne autour de l'usine, de la logistique, du transport de marchandises, de l'achat de matières premières, etc. 

Depuis quelques années, j'ai repris toute la partie de distribution aussi avec nos clients français : comment est-ce qu'on va vendre les produits à nos clients en GMS (Grande et Moyenne Surface) mais aussi aux grossistes qui vont les revendre ensuite aux restaurants, aux hôtels… ? 

J'interviens aussi sur une activité de veille juridique puisque la législation et la réglementation changent beaucoup d'année en année et il faut être à jour.

Enfin, j'accompagne les équipes commerciales et les conseille dans leur relation contractuelle et dans les négociations avec les clients. 

Quelles sont les missions principales d’un juriste ? 

  • Gérer les négociations contractuelles : mettre à disposition des modèles de contrats, les négocier avec les partenaires en compagnie des clients internes (directions commerciales, directions marketing, direction des achats et direction industrielle). Il s’agit de trouver les bons mécanismes, ceux qui vont permettre de profiter du régime juridique le plus favorable. 

  • S’occuper du service après-vente du contrat : qu'est-ce qui se passe en cas de rupture ou quand le partenaire ne fait ce qu’on attend de lui, comment est-ce qu'on met fin à une relation… ? Je m’occupe de ces problématiques qui peuvent générer des litiges, des tensions, des doutes, de l'inquiétude ; j’accompagne les équipes sur ces sujets-là.

Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté ce géant de l'agroalimentaire ? 

Le premier confinement a tout chamboulé, même si on a quand même continué à produire en usine. Avec l’arrêt des activités de restauration hors domicile (hôtels et restaurants fermés), l'activité de l'entreprise a été freinée. 

Concernant l'organisation du travail, il y avait un peu de télétravail avant la crise puis toutes les équipes ont été contraintes de travailler à distance. Ça a été l’opportunité de découvrir de nouveaux modes de fonctionnement, pas forcément évidents. 

Je pense que ces modalités de travail vont s'inscrire par la suite. Il y aura un avant et un après : utilisation des visios, moins de déplacements, moins d’espaces de travail fixes… C’est une tendance qui s'était un peu amorcée déjà avant le COVID mais là je pense que tout le monde va s’y mettre, même s’il va falloir un temps d’adaptation.

Quel est votre retour d'expérience sur le fait de travailler dans une grande entreprise ?

J'ai toujours travaillé chez Danone donc il m’est difficile de comparer avec les modes de fonctionnement d’une petite entreprise. Tout le monde connaît Danone et a son opinion sur les produits et leur composition, sur le plastique, sur la politique de développement durable, ce qui amène souvent des discussions intéressantes.

Danone est une belle entreprise qui dispose d’un portefeuille de produits sains. Un focus est mis sur le développement durable et on essaye d’impacter le monde durablement et positivement, notamment avec beaucoup d'investissements responsables.

Je suis très fier d’y travailler.

 

https://www.linkedin.com/in/paul-servillat-b4a79123/