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Morgane Horreard : la jurisprudence de l'intuition

Ghizlene Taleb, September 12, 2021 • 8 min
ÉtudiantsPromo 2015

La filière juridique à l'université attire de très nombreux bacheliers chaque année, et pour cause : elle est considérée comme la voie royale pour accéder aux diverses professions juridiques. Retour d'expérience de Morgane Horreard.

Bonjour Morgane, peux-tu nous résumer ton parcours scolaire ?

J’ai été diplômée en 2015 après avoir passé un bac ES à Saint-Stan’ avec une spécialisation en Sciences politiques. J’ai de très bons souvenirs de mes années à Saint-Stan’, j’y ai rencontré beaucoup de personnes qui sont toujours mes amis proches aujourd’hui. J’ai eu la chance de partir en Argentine et en Chine en seconde et en terminale, ce qui a développé ma curiosité et mon attrait pour les langues étrangères. J’étais également intéressée par le droit (même si je n’en avais jamais fait), et par les langues étrangères… Je me suis donc inscrite à la double licence droit-LEA proposée à la Roche-sur-Yon.

Pendant ces deux ans, j’ai trouvé un équilibre entre le ton juridique qui était extrêmement théorique et institutionnel et la pratique des langues étrangères, le voyage, les traductions… c’était aussi l’occasion de poursuivre l’étude du chinois que j'avais entamée à Saint-Stan’. Ensuite, j’ai validé ma troisième année de Droit à Nantes.

Pour mon Master, j’ai déménagé à Toulouse afin de me spécialiser en droit des affaires, en suivant mon intuition encore une fois. Les cours dispensés étaient d’un niveau soutenu, le niveau exigé pour intégrer un bon Master 2 était très élevé donc une forte compétition existait entre les étudiants. Ainsi, j’ai énormément travaillé pour me démarquer et j’ai réussi à obtenir de bons résultats.

Bal de promo 2015 - Morgane au centre

As-tu réalisé des stages au cours de ton cursus universitaire?

Tout au long de mon cursus, j’étais assez angoissée de constater que je connaissais beaucoup de choses par cœur mais que je ne savais pas m’en servir dans le monde professionnel. Pour y remédier, j’ai entrepris de faire des stages, de courte durée, en dehors des temps de cours.

Comme je ne savais pas dans quel domaine me spécialiser et quel secteur j’avais envie d’intégrer, j’ai réalisé des stages dans des environnements différents : au tribunal correctionnel à Nantes, en cabinets d'avocats, au CHU… Au fur et à mesure, j’ai pris conscience que je ne voulais être ni juge, ni avocate. Perdue, j’ai cherché et j’ai découvert le métier de juriste d'entreprise, par hasard. Encore fallait-il savoir dans quel secteur ? dans quel type d’entreprise ?

Comment s'est opéré le choix de ta spécialisation?

J'avais entendu parler, vraiment par hasard, sur Internet ou sur Instagram, de cours diplômants dispensés par des universités américaines en distanciel. Après quelques renseignements, je me suis inscrite à un diplôme délivré par Harvard en droit de la santé et en bioéthique. 

J'ai beaucoup aimé la manière dont les cours étaient enseignés et j’ai apprécié le droit de la santé. J’ai suivi ces cours pendant tout un été depuis chez moi. Pour conforter mon choix, j'ai réalisé un stage en cabinet d'avocat en réparation du préjudice corporel. C’était particulièrement  difficile psychologiquement et je n’arrivais pas à me projeter à  travailler dans un tel milieu. Il m’a semblé que les entreprises, du type startup, dans le secteur de la santé, me conviendraient davantage.

Tu as donc poursuivi tes études après le Master? 

J'ai continué à suivre des cours de droit de la santé d'autres universités sur Internet : University of Pennsylvania aux Etats-Unis, Groningen aux Pays-Bas. Tous les cours étaient en anglais, ce qui m’a permis d’entretenir le niveau que j’avais atteint après la licence en LEA. .

Je suis arrivée à la fin du master avec tous ces bagages et je souhaitais partir à l’étranger pour trouver une formation plus pratique. En France, l’option la plus probable aurait été d’intégrer une école de commerce mais ça ne me tentait pas du tout. 

Suite à mes recherches, j’ai découvert Glion Institute of Higher Éducation qui dispose de trois campus : deux en Suisse et un en Angleterre, à Londres. C’est celui que j’ai choisi pour son dynamisme citadin, son modèle anglais et sa proximité avec Nantes.

Comment s’est passé ton année à Glion ?

D’un point de vue personnel, j’ai choisi le campus anglais de Glion puisqu’il était assez aisé de rentrer à Nantes pour un week-end, ce qui était rassurant. En arrivant, je ne connaissais personne dans l'école ou dans la ville. Finalement, tout s’est bien passé puisque j’ai rencontré de nombreux étudiants étrangers, je me suis fait des amis très rapidement puis ma meilleure amie a déménagé à Londres aussi. 

D’un point de vue scolaire, c’est une école spécialisée dans l'hospitalité, les compagnies aériennes etc... et offrant un très grand choix de sujets. Ainsi, j’ai pu orienter la plupart de mes examens vers des thématiques sanitaires. Mon projet de fin d'étude traitait de l'amélioration de l'hospitalité dans les hôpitaux. 

Malheureusement, le COVID est arrivé et j’ai dû rentrer en France, au bout de 7 mois en Angleterre : j'ai fini mes cours à distance et il fallait que je trouve mon stage final en plein milieu de la crise.

Suite à cette expérience, je recommande aux jeunes de partir à l'étranger s’ils en ont l’occasion. Même si ça fait peur, ça ne peut pas être une mauvaise expérience, vous en tirerez forcément quelque chose. Honnêtement, aucun de mes amis partis à l'étranger ne l'a mal vécu. Je ne suis pas de nature très aventureuse donc je me dis que si je l’ai fait, tout le monde peut le faire. 

Comment as-tu réussi à trouver un stage alors que la pandémie contraignait les entreprises à réduire leur activité ?

Je me suis retroussée les manches et je me suis dit : on trouve que ce que l'on cherche ; alors j’ai envoyé de nombreuses candidatures en répondant à des offres ou en envoyant spontanément mon CV, en insistant sur ma motivation et mes compétences. Comme le hasard fait bien les choses, je suis tombée au même moment, sur un article de BPI France recensant les start-up françaises spécialisées dans les innovations dans la santé. J’ai postulé dans certaines, et l’une d’elles m’a acceptée : Kiro.

C’est ainsi que j’ai commencé mon stage en Septembre, en tant que Juriste en droit de la santé ; me concentrant sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’amélioration de techniques de biologie médicale.

A la fin des six mois de stage, j'ai été embauché en CDI et c’est le poste que j’occupe en ce moment.

Que conseilles-tu aux jeunes qui souhaitent Ă©tudier dans le droit?

À ceux qui souhaitent suivre des études en droit, accrochez vous ! Le droit est passionnant, même s’il peut manquer de pratique. C’est un cursus très complet qui permet d’aborder différents domaines et qui ouvre de nombreuses portes, y compris pour les reconversions professionnelles. De plus, ce sont des études assez attractives pour les recruteurs puisque elles demandent de la rigueur, de la précision et révèlent de nombreuses qualités personnelles.

Qu’as-tu observé ou remarqué dans le monde professionnel?

Il me semble qu'on n'est plus du temps de nos parents où il faut se dédier à son métier toute sa vie pour gravir les échelons et devenir le meilleur. Nous faisons partie d'une génération qui se lasse vite de tout, c'est le zapping et le scrolling permanent. 

Durant mes études en Angleterre, on m’a appris qu’on pouvait tourner un CV et l'interpréter de la manière souhaitée : après des études de droit, il est tout à fait possible de faire de la communication par exemple car, même si l’on ne dispose pas des connaissances techniques, on a acquis des compétences universelles : la rigueur, la rédaction, la bonne expression, l’analyse de textes …  

En intégrant une start-up après mes études, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Avec du recul, c'est vraiment un modèle qui prône la polyvalence : les sujets changent tout le temps, il faut savoir s’organiser pour jongler entre les projets. Je ne peux pas dire que je n’ai pas de journée-type dans mon métier puisqu’il y a tout de même un fil conducteur, même si les projets changent constamment. C’est ce fil conducteur que j’aime et qui me motive à poursuivre dans ce domaine, à donner le meilleur de moi-même et à me perfectionner.

Morgane Ă  gauche de la photo

Que prévois-tu de faire prochainement ?

J'ai tendance à m'ennuyer rapidement et à avoir besoin de changement fréquemment. Je déteste la redondance. En fait, j'apprécie m’engager dans de nouvelles expériences mais dès que je fais le tour de la question, je ressens la nécessité de passer à autre chose.

Ainsi, je me suis inscrite dans un second Master qui débute en Octobre, en distanciel. Spécialisé dans le droit de l'intelligence artificielle dans la santé, il m'apportera les compétences théoriques complétant ce que je fais en pratique chez Kiro. En termes d’organisation, je pense que je trouverais le temps de concilier études et travail. On trouve toujours le temps lorsque qu'on le veut. 

J’ai aussi décidé de m’engager dans une association à Paris, pour apporter mon aide et mes connaissances juridiques dans le cadre de son activité.

As-tu une jurisprudence propre ?

Il faut savoir saisir les opportunités comme elles se présentent, et foncer. Je conseille de tenter de nouvelles expériences au maximum, sans avoir peur. Pour savoir, il faut tester. Si ça ne nous plait pas, ce sera une nouvelle case à rayer de la liste des possibilités. Il n’y a pas de mauvais choix, toutes les options sont bonnes, je pense qu’il faut suivre son intuition, chercher les opportunités, et se donner les moyens d’atteindre ses objectifs.

Je pense qu'il faut faire ce qui nous plaît à l'instant T et au moment où ce n’est plus le cas, on doit se permettre de changer de cap. 

Le mot de la fin :

J’étais très inquiète, en entamant les études supérieures, quant à mon avenir professionnel puisque je ne savais pas quoi faire. Maintenant, quand je regarde en arrière, je me dis : Ne t’inquiète pas, mais évidemment que tu ne sais pas ce que tu veux faire, tu ne connais même pas ton métier actuel.

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