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L'urgence vitale : Entretien avec Aurélie Sancerni
Salué tous les soirs à 20 heures lors du premier confinement, le personnel hospitalier s’est trouvé en première ligne face à l’épidémie de Covid-19 et a dû assurer la vie, dans une ambiance très anxiogène. Entretien avec Aurélie SANCERNI, urgentiste aux urgences et au SAMU de Versailles.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours et les raisons qui vous ont poussé à travailler dans le secteur sanitaire ?
Après avoir obtenu mon baccalauréat scientifique à Saint-Stanislas en 2007, j’ai intégré la faculté de médecine de Nantes pour mon internat puis j’ai réalisé mes 4 années de spécialité aux urgences, à Paris. Aujourd’hui, je suis titulaire et j’ai une double casquette: médecin aux urgences et urgentiste au SAMU de Versailles.
Petite, j’aimais jouer au médecin, à l’infirmière. C’est donc tout naturellement que je me suis orientée vers des études de médecine. Ensuite, je me suis spécialisée dans les urgences, souhaitant pouvoir aider les autres dans n’importe quelle situation: malaise à la plage, dans la rue...
Comment avez-vous vécu l’arrivée du Covid en France et, plus particulièrement, au sein de vos services ?
En fait, j’ai dû écourter mon congé maternité et changer mes plans de vacances pour apporter du soutien et du renfort à mes collègues. Au début, ne connaissant pas le virus, nous n’avions pas pris de mesures particulières. Cependant, suite à une diffusion rapide, une réorganisation a été nécessaire: un secteur des urgences était réservé aux patients Covid tandis que l’autre continuait d’accueillir les pathologies habituelles. Mais ce schéma de fonctionnement ne pouvait être viable de par un fort déséquilibre. Maintenant, nous sommes plus flexibles
Qu’a révélé cette crise sanitaire sur votre métier, vos conditions de travail, l’administration hospitalière…?
Au niveau national, le manque de moyens humains, de matériel et de lits a été révélé au grand public. Au sein de notre hôpital nous n'avons pas eu de choix éthique à faire. Par contre, nous n'avons pas assez de lits d'hospitalisation pour accueillir tous les patients, ce qui allonge les temps d'attente et de prise en charge des patients aux urgences. Cette situation épuise les équipes, d'autant plus que les patients restent longtemps ensuite dans les services d'hospitalisation (médecine, réanimation.) Les démissions sont fréquentes et nous n’avons plus de déconnexion pro/perso: tout tourne autour du covid.
Comment avez-vous vécu l'éventualité d'être contaminée, de contaminer vos proches ?
Au début, j’étais anxieuse et angoissée, le risque me paraissait très grand. Cependant, le personnel médical a vite compris qu’en adoptant les bons gestes (port du masque FFP2, désinfection des surfaces, lavage fréquent…), il n’y avait pas de raisons d’avoir peur.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Il faut apprendre à vivre avec et se faire vacciner pour atténuer la pression hospitalière. La situation dans laquelle nous sommes ne peut être viable. A ce titre, nous avons observé une forte augmentation de jeunes patients dépressifs, de tentatives de suicide... Il me paraît aussi nécessaire de se former en permanence et d’apprendre à s’adapter.
Le mot de la fin :
Même si les études de médecine sont longues, j’encourage les jeunes à s’engager dans des services d’urgences avec passion.