L’innovation pour la vie : Echange avec Clara Jouault

Ghizlene Taleb, May 25, 20216 min
ÉtudiantsPromo 2015

“Une innovation n’est révolutionnaire que si elle sert aux gens”. Découvrez le portrait de Clara Jouault, pour qui la création est un moyen d’aider autrui.

Pourquoi avoir choisi de faire des études de Design ?

J’ai toujours aimé l’art plastique et les travaux manuels. Ainsi, il me paraissait évident de m’orienter vers les arts, techniques plutôt qu'esthétiques; après avoir suivi une filière scientifique. J’ai donc postulé pour intégrer l’École de design de Nantes Atlantique, attirée par trois aspects: la méthodologie et la rigueur, la professionnalisation à travers de nombreux stages et l’ouverture à l’international. Je suis devenue étudiante en design après deux entretiens (individuel et collectif) évaluant notre capacité à créer et à travailler en groupe. Après avoir obtenu mon diplôme en novembre 2020 je travaille aujourd’hui au Design Lab du département R&D d’EDF.

Comment définis-tu la création et l’innovation ?

C’est le fait de rendre la vie des gens meilleure en créant des objets répondant à leurs besoins. Pour créer, il est donc indispensable d’écouter, de regarder, de prendre le temps de comprendre, de s’entourer de ceux qui ont les compétences nécessaires pour répondre  à la problématique. Il faut se montrer ambitieux, ouvert d’esprit, observateur et n’avoir aucune limites !

Je ne suis pas intéressée par la création du beau. Pour moi, il faut que l’innovation revête une dimension humaine et sociale. J’ai appréhendé mes projets en ce sens: j’ai créé le jeu Totamis pour lutter contre le harcèlement scolaire et j’ai participé à la conception de la capsule Eklosion pour permettre à Thomas Pesquet d’avoir de la nature dans l’espace.

Il faut donc s’engager en création et entreprendre. Comment as-tu développé ta fibre entrepreneuriale ? 

Après avoir réalisé un Bachelor en design de produit industriel , j’ai décidé de réaliser mon Master 1 en design et entrepreneuriat à Montréal, en alternance dans des startup. En effet, mon École venait de lancer un partenariat avec le Centech, premier incubateur universitaire d’Amérique du nord et j’ai rapidement postulé pour intégrer ce master, dépendant du classement au Bachelor. Avec chance, j’ai pu vivre un an au Canada, découvrir le monde de la création d’entreprise et mettre en application mes connaissances en design. J’ai notamment participé à la création d’un bracelet biométrique pour les fans de jeux vidéo.

Par la suite, je suis retournée en France pour mon Master 2, un double diplôme innovation sociale et santé au Design Lab Care à l’École de design et en - management et administration des entreprises à l’IAE de Nantes. Je voulais continuer le design tout en me dotant d’une base solide en création d’entreprise.

Grâce à ce choix, tu as pu créer le jeu Totamis ?

En réalisant mon master 2 au Design Lab Care, je souhaitais travailler sur des problématiques humaines, particulièrement sur le harcèlement scolaire. Il fallait déjà convaincre un jury de l’intérêt de la thématique afin de la valider. Par la suite, la phase une du projet, assez longue, consistait à mener une veille informative et bibliographique en m’entretenant avec des professeurs, psychologues, enfants, parents et en traitant les données universitaires. Je me suis plongée dans l’environnement relatif au harcèlement scolaire pour mieux appréhender la problématique et proposer trois solutions en phase deux. J’ai dû choisir le projet le plus pertinent au final : un jeu éducatif de sensibilisation au harcèlement scolaire dont  j’ai entamé la pré-industrialisation en phase trois. En parallèle, j’ai gagné le prix coup de pouce de la Social cup, me permettant d’avoir des fonds pour engager prochainement la première édition et distribution du jeu à grande échelle.

Aujourd’hui, je prévois l’utilisation du jeu par les écoles dès la rentrée 2021 et je suis à la recherche de partenaires: imprimeries, sponsors, écoles…

Peux-tu nous parler d'un autre projet dans lequel tu es très investie: Eklosion ? 

Le projet est né lorsque j’étais en M1 au Canada. Avec quatre copains designers, nous avons décidé de répondre à l’appel à projet Génération ISS du CNES consistant à imaginer un produit à envoyer dans l’espace avec Thomas Pesquet en 2021. Nous voulions travailler sur le lien entre la Terre et l’espace et il nous tenait à cœur de créer une proximité entre les astronautes et l’environnement humain. En imaginant une capsule permettant de faire pousser une fleur tout en libérant des messages de ses proches, nous avons remporté l’appel à projet au Salon du Bourget en juin 2019. Depuis deux ans, nous développons la capsule en collaboration avec une étudiante en biologie à Toulouse et avec le CNES.

La capsule enferme un œillet d’inde tout en recréant  les conditions de microgravité et d’étanchéité précises et respecte les normes de secteur spatial. L’idée est de permettre à Thomas Pesquet de vivre une réelle expérience sensorielle dès que la capsule le rejoindra dans l’ISS en Août. En attendant son départ, nous allons mettre en place des actions sur terre: nous inviterons notamment le grand public à faire pousser un œillet d’Inde et le voir grandir en même temps que l’astronaute, sensibilisant aux bienfaits des végétaux pour l’Homme. À ce titre, j’invite les lecteurs à suivre l’actualité de l’association Eklo créée pour supporter le projet sur les réseaux sociaux et de nous accompagner s’ils le souhaitent!

Des projets pour l’avenir ?

J’aimerai continuer à faire du design en cherchant les besoins mais en y intégrant une dimension managériale et entrepreneuriale. Lors de mes différentes expériences, je me suis rendue compte de mon attrait pour la gestion de projets et le travail en équipe. Il me plairait d’avoir un poste de responsabilité où j’aurai des personnes et des projets à charge.

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