Envie de nous rejoindre ? 👉 Cliquez ici
Financez le développement à la Banque Mondiale avec Vincent Launay
Travailler dans une institution internationale fait rêver ! Cela semble impossible pour certains du fait de la sélectivité de ces structures. Cependant, sachez que des profils très variés sont admis chaque année, par voie de concours ou non. C'est le cas de Vincent Launay.
Bonjour Vincent. Pouvez-vous nous raconter vos années Saint-Stan ?
Je suis rentré à Saint-Stan’ en quatrième, suite à un déménagement depuis Paris. Au collège, j'étais dans un cursus pour les enfants dits précoces, dans lequel je me suis beaucoup plu et j’ai noué des amitiés qui perdurent.
Ensuite, en Seconde, j'ai eu la chance de pouvoir rejoindre la classe Jacksonville. En 2002, je suis allé passer 5 semaines aux États-Unis dans une famille américaine et c'était une expérience vraiment incroyable. C'est vraiment une immersion totale qui m'a donné le goût des États-Unis. C'était ma première fois aux États-Unis et ce fut un dépaysement total : la Floride, les grandes maisons, les grandes routes, les grandes voitures...la démesure.
Puis, j’ai obtenu mon baccalauréat scientifique en 2004.
Quels choix avez-vous opérés pour vos études supérieures ?
J’ai décidé de rester à Nantes dans un premier temps et j’ai intégré une classe préparatoire à Clemenceau. Durant les deux ans, j’ai préparé les concours sérieusement, ce qui m’a permis de rejoindre la meilleure école de commerce en France : HEC Paris. J’avais un profil assez généraliste et grâce à cette école j’ai pu exploiter mes compétences et les développer. J’ai notamment découvert ma passion pour la finance. C’étaient 3 ans d'études, entrecoupées d'une année de césure pendant laquelle j’ai effectué deux stages.
Quels domaines avez-vous explorés durant vos stages ?
Mon premier stage s’est déroulé à New York, dans une banque d’affaires et a duré 8 mois, entre Juillet 2008 et février 2009. C'était une période intéressante car elle coïncidait avec la crise financière : c’était surréaliste de passer régulièrement devant les bureaux de la Banque Lehman Brothers ! Ce stage m’a énormément appris mais ne m'a pas convaincu de rester dans le monde de la banque d'affaires. Même si on y gagne bien sa vie, il faut accepter de travailler une centaine d’heures par semaine, ce qui n’était pas mon aspiration !
Le second stage était très différent puisque je suis parti à Nouméa en Nouvelle Calédonie pour travailler sur le projet de la première centrale électrique solaire. J’ai aidé les fondateurs grâce à de la modélisation financière, la réalisation d’un business plan, la levée de fonds…Cette opportunité s’est offerte à moi grâce au Forum des entreprises qui se tient régulièrement à HEC. J’avoue que d'un point de vue professionnel, j'étais un peu inquiet quant aux réflexions des entreprises face à ce stage : a-t-il voulu partir en vacances 6 mois ?
À ma grande surprise, quand j’ai entamé ma recherche d’emploi, la seule expérience qui intéressait les entreprises n’était pas New York mais la Nouvelle Calédonie.
Comment se sont passés vos débuts dans le monde professionnel ?
J'ai fait ma dernière année d'études à HEC en spécialisation finance et je me suis rendu compte que le monde de l’énergie m’intéressait.
J'ai donc postulé dans des entreprises de l'énergie et, finalement, j'ai été recruté par EDF en 2010. Au sein du département finance, j'évaluais la rentabilité des nouveaux projets solaires, hydroélectriques, mais aussi nucléaires. Ce poste m'a amené à me déplacer chaque semaine à Londres pendant 3 ans pour un projet de nouvelle centrale nucléaire en Grande Bretagne.
J'aimais énormément mon travail. Cependant, le monde de l’entreprise encourageant les mobilités internes, je devais changer de poste après plus de trois ans dans le poste que j’occupais. Aucune proposition des RH ne me satisfaisant, on m’a alors proposé un détachement de deux ans aux Etats-Unis à la Banque Mondiale. Après réflexion et échange avec ma femme, qui travaillait chez Canal Plus, nous avons sauté le pas. Ma femme a démissionné de son poste pour me suivre, ce qui était un risque puisque deux ans plus tard j’étais censé retourner chez EDF et qu’elle devrait à nouveau chercher du travail. C’est comme cela que j’ai rejoint la Banque mondiale à Washington, à 28 ans.
Avez-vous immédiatement adopté l’Amérique ?
Finalement, au bout d'un an, ma femme avait trouvé un travail d'États-Unis au sein de la télévision publique américaine (PBS). Une fois toutes les autorisations administratives obtenues, c'est relativement facile de trouver un travail aux États-Unis. Les entreprises n’hésitent pas à embaucher car, la procédure de licenciement étant simple, elles n’ont rien à perdre.
Aussi, mon chef à la Banque mondiale voulait me garder, ma femme se plaisait bien à Washington, nous avions adopté un petit chien qui est devenu très gros; nous avons souhaité rester.
Néanmoins, contractuellement, je devais retourner chez EDF. Mais nous avons réussi à trouver une entente. En 2016, l’entreprise était dans un exercice de réduction des effectifs et des coûts et EDF m’a permis de suspendre mon contrat de travail pendant cinq ans. Ce n’est d’ailleurs qu’il y a quelques semaines que j’ai officiellement quitté EDF.
En quoi consiste votre travail de Senior Infrastructure Finance Specialist ?
J’ai commencé à la Banque mondiale en septembre 2014 et je travaille au financement de projets d'infrastructures dans les pays en développement : projets de centrales électriques, de routes et de lignes de transmission…
Par exemple, j'ai planché pendant de nombreuses années sur un projet de développement gazier au Ghana. Etant donné que les Ghanéens n'avaient pas la capacité de le financer, le secteur privé s’en chargeait et nous lui avons fourni une garantie de paiement. Grâce à cela, le Ghana a réduit considérablement sa consommation de pétrole et, par là même, les émissions de gaz à effets de serre. Aujourd'hui, je travaille sur un projet de centrale électrique au Mozambique pour lequel nous finançons une ligne de transmission. Je participe aussi à des projets solaires en Éthiopie.
J’évolue dans un environnement international et multiculturel : ma cheffe est turque, j'ai un collègue finlandais, un autre indien, etc. Je parle finalement assez peu fréquemment avec des gens pour qui l'anglais est la première langue.
Qu’est ce que ça fait de travailler à la Banque Mondiale ?
C'est une institution très réputée qui regroupe 15 000 personnes. Mon travail est très responsabilisant car l’objectif est de taille : aider au développement et réduire la pauvreté, à travers chaque action menée.
J’apprécie de collaborer avec des experts et des professionnels de leurs domaines : économistes, énergéticiens, experts financiers… Ainsi, je dispose d’une vision globale des problématiques et une compréhension des dynamiques économiques, géopolitiques, culturelles…
D’après vous, quelles sont les différences entre le monde professionnel français et l’américain ?
En France il y a plus de vacances mais les horaires sont beaucoup plus strictes. La culture du présentiel est très forte, même si j’ai l’impression que c’est moins le cas depuis la crise Covid. Il faut montrer qu'on est là et qu’on fait bien son travail. Aux Etats-Unis, les travailleurs finissent plus tôt et cela laisse le temps d'avoir une deuxième partie de journée où l’on s'engage dans des activités. Au final, on attend moins les vacances qu’en France, le rythme étant plus flexible au quotidien.
Par ailleurs, en France, le poids du diplôme est très important. Alors qu’aux Etats-Unis, on s’intéresse davantage au parcours et aux compétences.
Quel a été l’impact du Covid sur votre travail et comment envisagez-vous le futur ?
Avant le COVID, je voyageais fréquemment : c'étaient une semaine ou deux par mois passées en Afrique ou au Proche et Moyen-Orient. Depuis un an et demi, je télétravaille et j’apprécie cette organisation, qui me permet de perdre moins de temps dans les transports pour aller travailler.
Je pense qu’on va évoluer vers un modèle de travail hybride et flexible : les gens se sont tellement habitués à travailler depuis chez eux que si les entreprises ne s'adaptent pas, elles perdront leurs employés. Cette nouvelle organisation est générationnelle aussi. Beaucoup de dirigeants pensaient que ça ne marcherait jamais. Là, ils ont été forcés de reconnaître que ce modèle est viable. Je pense que dans les prochaines années on va observer une forte hausse de productivité dans les entreprises du fait que tous les employés aient dû se mettre à niveau avec les outils de télétravail comme Zoom ou Teams.
Un conseil à partager ?
Un conseil pour ceux qui ont ou auront des choix à faire : ne pas hésiter à faire des choix originaux parce que c’est ce qui leur permettra de se démarquer. Dans un marché du travail très compétitif, il ne faut pas chercher à rentrer dans des cases en faisant comme tout le monde mais plutôt à sortir du lot et à se différencier.