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Être commerciale dans l'industrie agroalimentaire : conversation avec Eve-Anne Rissel
L’agroalimentaire constitue le premier secteur industriel français aussi bien en termes de chiffre d’affaires que d’emplois. Zoom sur cette filière avec Eve-Anne Rissel.
Peux-tu nous faire un récapitulatif de ton parcours scolaire ?
J’ai obtenu mon bac ES en 2015 et je ne me voyais pas faire deux ans de prépa. J’ai donc décidé d’intégrer l’école de management IESEG. J’ai passé les deux premières années de mon Bachelor à Lille puis j’ai effectué ma troisième année en Croatie, ce qui m’a permis de visiter l'Europe de l’Est.
Ensuite, après mon M1 spécialité marketing, j’ai entamé une année de césure durant laquelle j’ai réalisé un premier stage de six mois au Club Med à Londres. J’étais chargée de projet événementiel pour les marchés Angleterre, Irlande & Scandinavie. J’ai passé les 6 mois suivants chez Mondelez International en tant qu’Assistant Category Manager.
En Septembre 2020, j’ai poursuivi mon master en travaillant sur un projet consulting: il s’agissait de développer l’expérience client de la start-up AmOSeeds. Intéressée par la grande consommation, je réalise mon stage de fin d’études chez Nestlé.
En quoi consiste le métier d’Assistant Category Manager ?
On qualifie ce poste également d’assistant responsable marketing enseigne et il fait référence au compte clé. Il s’agit de négocier le volume placé chez les différentes enseignes (Carrefour, Intermarché, Leclerc…) afin d’être en croissance par rapport aux années précédentes, en proposant les produits adéquats au type de clientèle et en accompagnant la vente de nos produits avec des moyens marketing: PLV (publicité sur le lieu de vente), offres promotionnelles, jeux-concours…
Certaines entreprises, comme Mondelez, scindent ce poste en deux: les responsables de la relation avec les enseignes et les responsables de catégories de produits. D’autres, comme Nestlé, appréhendent ce poste dans sa globalité et complémentarité. Par exemple, en travaillant sur la gamme de Pâques 2022, je dois réfléchir au packaging et à l’expérience client mais je m’occupe aussi du marketing orienté vers le résultat.
Comment réussir à intégrer des grandes entreprises ? Comment se sont passés les recrutements ?
En fait, il faut travailler et entretenir son réseau. Grâce au career center de l’IESEG, j’ai pu postuler à l’offre de stage de Mondelez. J’ai ensuite été contactée pour un entretien RH d’une heure et demie en anglais, le groupe étant américain, afin d’évaluer mes capacités. Là bas, j’ai rencontré différents stagiaires, dont une qui allait chez Nestle et, sachant que son responsable cherchait un Assistant Category Manager, elle m’a recommandée. J’ai eu de la chance car Nestlé publie très peu d’offres, ce qui est souvent le cas dans les grands groupes, préférant recruter en interne. Il est donc indispensable de réseauter.
Pourquoi avoir choisi de réaliser tes stages dans des grands groupes?
Il faut savoir que, dans les grandes entreprises, tout est normé, cadré et chacun a un rôle précis à jouer dans la chaîne. Parfois, on se retrouve à effectuer les mêmes tâches mais c’est ce processus, bien rodé, qui leur permet d’avoir une longueur d’avance et de sortir des sentiers battus.
Personnellement, j’avais besoin d’être coachée et de suivre une structure afin d’acquérir une rigueur de travail et des bases. A terme, j’aimerai me retrouver dans une PME pour travailler avec plus de flexibilité et faire des missions plus diversifiées.
Il me semblait plus cohérent d’aborder le monde professionnel dans ce sens là.
Quelles sont les qualités nécessaires pour ton travail ?
Déjà, je dirai l’esprit d’analyse et de synthèse. En effet, je dois me baser sur des documents Excel pour analyser des volumes de vente, des budgets prévisionnels… et extraire les données révélant des faits marquants que je dois présenter à mon équipe.
Ensuite, il est indispensable d’avoir un bon relationnel car nous faisons du commerce, on doit développer une relation de confiance avec nos clients en communiquant sur différents sujets, pas essentiellement relatifs au travail.
Aussi, il faut être à l’écoute afin d’être capable de différencier les enseignes, de comprendre leurs valeurs et leurs orientations, en ayant comme finalité de leur proposer les produits les plus adéquats à leurs besoins et positionnements.
D’autre part, pour travailler dans la grande consommation, il faut savoir faire preuve de persévérance car le secteur est très exigeant. D’ailleurs, on conseille aux personnes voulant faire carrière dans le luxe de passer d’abord par là afin d’acquérir des bases solides et une structure, notamment en négociation.
Que penses-tu de l’évolution du secteur par rapport au changement des habitudes de consommation ?
Les consommateurs s’orientent davantage vers le bien manger, le bio, le naturel, le sans additifs: c’est la tendance actuelle majeure de la filière agroalimentaire. Je pense que les grands groupes ont le pouvoir de s’adapter très rapidement, et cela a été démontré pendant la crise sanitaire.
Sur le court terme, il a été possible de renforcer les chaînes de production des différentes usines pour éviter les ruptures de stock en magasin. En France, nous avons eu très peu de rupture de produits alimentaires pour une pandémie d’une ampleur internationale. Disposant d’un pouvoir et de ressources considérables, les grands groupes ont pu répondre à une demande considérable et s’adapter très vite dans des délais très courts.
Aussi, on a vu le drive exploser au cours de cette période particulière. Les progrès réalisés dans le secteur du e-commerce en 1 an auraient normalement dû se produire en cinq ans. L’explosion de l’achat en Drive a poussé les marques à développer d’autres façons de vendre, impulsant la publicité, la communication et le marketing. Par exemple, chez Mondelez, on a cherché à sortir le produit de son packaging et à le mettre en valeur sur le site de e-commerce afin de donner envie au consommateur, même à travers un écran.
Aujourd’hui, le secteur anticipe et cherche à disposer d’un coup d’avance, en prévoyant des plans de crise notamment ou en scrutant les tendances.
Le mot de la fin
Pour se retrouver meilleur dans ce que l’on fait, il faut s’engager dans une voie qui nous motive au quotidien et s’investir !