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Baptiste Lorber, pionnier des vidéos Youtube
Dans la vie professionnelle, il faut savoir prendre du recul, détecter quand ça ne va plus et utiliser son capital pour s'engager dans d'autres aventures.
Salut Baptiste. Peux-tu nous parler de tes années à Saint-Stan ?
J’ai fait mon lycée à Saint-Stan et j’y suis resté quatre ans parce que j'ai eu la chance de redoubler ma première. J'étais à l'internat donc j’ai passé dans l'établissement une grosse partie de mes quatre ans : j’y étais matin, midi, soir et nuit. Même les week-end parfois parce qu’il m’arrivait d'être collé. J’ai eu la chance de faire partie de la classe Jacksonville en Seconde et de partir au Burkina Faso avec la pastorale en Première.
Il y avait une réelle vie scolaire et extrascolaire avec le sport par exemple. J’étais dans l’équipe de handball du lycée avec Adrien Guillon Verne et on avait été qualifiés au championnat de France avec notre équipe (on a fini huitièmes). C’était fou de jouer face à des professionnels en représentant notre établissement.
Par ailleurs, j'étais délégué de toutes mes classes, délégué de l’internat, président du Bureau des élèves. J'étais très investi dans la vie de l'établissement.
Ce sont des années qui m’ont beaucoup apporté et pendant lesquelles j’ai assumé de nombreuses responsabilités.
Quels souvenirs retiens-tu de l’internat ?
Quand je suis parti, c'était un déchirement parce que j’avais noué une relation d’amitié avec les autres internes qui représentaient une famille pour moi. Il y avait une vraie ambiance, que ce soit entre les élèves ou même avec les surveillants de l'époque. On leur avait d’ailleurs volé un trousseau de clé ce qui nous donnait accès à toutes les salles dont la fameuse réserve à vin des professeurs. Il y avait aussi cette vie qui s’animait dans l'établissement quand tout le monde était parti, notamment avec Père Lechat. Je me souviens du grenier où on allait en cachette ; ça m'avait déchiré le cœur de voir des bennes aux fenêtres pour le vider lorsque j’étais en terminale.
Pour notre dernier jour, on s'était rendus à la salle tout en haut, dans le clocher, pour voir le lever du soleil. C’était extrêmement dangereux et instable mais la vue était magnifique ! Je me dis que j’ai quand même eu de la chance de pouvoir accéder à ces endroits de St-Stan.
J'ai énormément de souvenirs de mes années à Saint-Stanislas, très riches en expériences.
Tu sembles très attaché à l'établissement. Quel lien entretiens-tu aujourd’hui avec lui ?
En quittant Nantes, j'étais moins proche mais, régulièrement, les premières années, je passais faire un coucou. Très vite, j'ai vu que ça avait changé et je n'avais pas trop aimé pour être honnête, surtout lorsque l'internat a été fermé : j’ai subi un gros coup. Après, j’ai un peu perdu de vue parce qu’on ne reste pas éternellement attaché à son lycée. Par contre, lorsque j’ai quitté l’établissement il y a seize ans, c’étaient les débuts de Facebook, ce qui fait que je suis resté connecté avec certaines personnes.
Quelle chemin as-tu suivi après ?
J'ai intégré une école de communication où j’ai eu l’opportunité de faire plein de stages parce que c’est sur le terrain qu’on apprend et pas dans les cahiers : chez Radio Nova, chez France Inter, dans des sociétés de production…
Enfin, la dernière année d’école, j'ai créé un fanzine : un journal humoristique gratuit (financé avec de la pub) à lire aux toilettes et qui s'appelait “la grosse commission”. J’ai tout monté de A à Z, j'écrivais, je faisais des maquettes, je cherchais les annonceurs puis je le distribuais grâce à des copains dans des bars et restaurants de Paris et Nantes.
Grâce à ces deux numéros, j’ai pu effectuer mon dernier stage en tant que Concepteur-rédacteur au sein de l’agence de pub Buzzman. Ça a été mon premier boulot parce que j’y ai passé un an : trois mois de stage à l’issue desquels j'ai été embauché. Grâce à cette agence, j’ai découvert le monde merveilleux d’Internet.
Comment as-tu fait pour trouver ces stages ?
Ah, moi j’osais. Je me rendais sur la rubrique contact d'un site internet et j’envoyais des messages. Pour France Inter par exemple, le RH m’a répondu en me demandant d’envoyer quelques documents. Pour Radio Nova, je suis passé par l'animatrice de la matinale sur Facebook et j’ai réussi à être convoqué pour un entretien.
Il faut enlever cette peur là et d'ailleurs, si les sociétés pour lesquelles vous postulez ne sont pas réceptives, c'est que vous n’y aurez pas passé de supers stages.
Les débuts sur Youtube :
En 2010, j'ai lancé avec mon binôme Gaël le site “dix minutes à perdre” : un site humoristique comprenant des vidéos, qu’on a été les premiers à faire sur Youtube.
Quel est ton avis sur l’évolution de Youtube ?
Aujourd'hui, c'est à vomir, c'est une catastrophe. Je n’ai même pas l'application Youtube ni les mots de passe de notre chaîne alors qu'on a plus d'un million d'abonnés. L'algorithme a tiré tout le monde vers le bas. Alors que nous, on avait créé un système de production et réussi à se retrouver au Grand Journal, à Golden moustache…
On utilisait internet mais avec de vrais moyens pour de vraies productions valant entre trente et quarante mille euros. Ça a été détruit par des youtubeurs qui ont répondu à un algorithme en faisant des vidéos face caméra. L'économie n’était plus viable pour nous.
Heureusement que nous avions eu la chance d’utiliser la plateforme pendant une bonne dizaine d'années et de faire de la BD, des dessins animés, des émissions sur Canal +...
Qu’as-tu entamé après Youtube ?
Je suis dans le second volet de ma carrière qui, je pense, est le plus riche. Je viens de réaliser ma première série que j'ai écrite et qui sera diffusée sur France TV à la rentrée : dix épisodes de vingt-six minutes avec Ramzy Bedia dans le rôle principal.
C'est toujours très dur de vendre ses projets, c'est un travail de longue haleine. Ça fait bien cinq ans que je suis sur ce projet et je suis enfin arrivé à le concrétiser. Entre-temps, j’étais toujours comédien et j'écrivais. Dès que j’ai vendu ma série, je me suis totalement engagé là-dedans.
Aujourd'hui je suis aussi réalisateur et scénariste.
Que peux-tu nous dire sur ces métiers ?
Ils sont différents mais peuvent complètement être vécus par une même personne. Il y a des comédiens qui veulent être dirigés et qui n'ont pas d'idées créatives alors que d’autres ont des visions artistiques dans l'image mais ne savent écrire. Il y en a qui savent écrire et jouer ou écrire et réaliser. On peut être les trois à la fois ou qu’un et évoluer :on passe souvent de comédien à réalisateur. Le réalisateur est un chef d'entreprise qui dirige cinquante personnes sur un plateau pendant trois mois. Ça prend beaucoup de temps et d’investissement.
Tout est question de volonté et de confiance en soi. D'idées créatives aussi.
Quelles sont les qualités et compétences à avoir pour devenir réalisateur ?
La patience, le sang-froid, la créativité, la rigueur.
On doit faire confiance et bien s’encadrer. Comme dans tout métier, il faut savoir bien s’entourer car, sinon, il faut colmater les soucis, d’où l’importance de l’embauche (ici le casting).
Fais-nous part de tes expériences les plus marquantes :
Il y en a beaucoup.
Déjà, réaliser ma propre série, c'est juste incroyable.
Après, j’ai rencontré des comédiens exceptionnels, que ce soit dans l'humour ou pas : ça m'arrive de tourner avec Gérard Darmon, Richard Berry... J'ai rencontré les LMFAO, La Fouine, Ramzy Bédia. C’était une idole quand j'étais enfant et aujourd'hui c'est un ami. Ça fait bizarre au début puis ça devient la normalité et notre travail. C'est toujours bien d'avoir cette petite âme d'enfant, même si elle s’estompe, elle va se construire par d'autres biais.
As-tu un conseil à donner aux jeunes ?
Il faut croire en ce qu'ils font et ne pas faire les choses pour réussir ou pour plaire aux autres. Ça ne fonctionnera pas. Il faut avoir une vraie sincérité artistique et porter son projet avec de la vraie volonté. Il ne faut pas se dire :”J'ai mis tous les ingrédients qui marchent ailleurs, donc ça devrait marcher.” Ce n'est pas transposable.
Youtube, qu'ils oublient aujourd'hui. Ce n’est vraiment plus un ressort pour réussir, ça va faire l'effet inverse et les pervertir dans quelque chose n'a rien à voir avec le cinéma ou la télévision. Ça devient un moyen de se faire connaître et de gagner son argent facilement avec un système de rémunération, de publicités, de sélection d’annonceurs qui n’existait pas quand j’avais commencé. Tout est orchestré.
Pour réussir dans le cinéma, il faut se démarquer et être honnête avec soi-même. Sinon, ça peut fonctionner si on recrée des schémas, mais au bout d'un moment, quand on se retrouve piégé dans un personnage qui ne nous plaît pas, c’est l’enfer..
Il faut être sincère même si ça prend plus de temps au début. À l'arrivée, ça sera beaucoup plus de fierté et d'estime de soi.
Instagram : @baptistelorber
http://www.vma.fr/fiche.cfm/663293_baptiste-lorber